Warren Levy art - Les grands formats de Combas : quand la toile devient monde
Robert Combas, figure majeure de la figuration libre, développe depuis les années 1980 un univers pictural unique. Son langage visuel, exubérant et vibrant, prend toute sa dimension dans ses œuvres de très grand format. Plus que de simples toiles, ces créations monumentales sont de véritables mondes à explorer. Elles offrent une expérience immersive, où la profusion de détails invite à la contemplation longue et attentive.
La monumentalité comme espace d'immersion

Robert Combas
La grande Guerre
Chez Combas, le grand format n’est pas un artifice mais un choix délibéré. Ces toiles, souvent supérieures à deux mètres de large, captivent par leur ampleur et leur densité visuelle. L’artiste y voit un moyen d’envelopper le spectateur, de le faire entrer dans son univers. Chaque œuvre devient alors un territoire, à la fois graphique et symbolique.
Dans la série Les Batailles (1984-1986), Combas compose des scènes foisonnantes d’une puissance dramatique rare. Guerriers, armes, créatures et slogans s’entrelacent, créant une tension visuelle continue. Ce format permet d’embrasser le chaos sans le dominer, transformant la peinture en champ de forces. L’artiste évoquait alors « une peinture qui parle fort, qui déborde et qui dérange ».
Une profusion de détails au service de la narration
Ce qui frappe dans ces œuvres, c’est l’abondance de motifs et de symboles. Chaque centimètre carré semble investi d’une intention. On y retrouve des figures humaines stylisées, des inscriptions manuscrites, des références à l’histoire de l’art, à la musique ou encore à la société contemporaine.
Dans Sans titre (2007), une toile de 300 x 500 cm exposée à la Fondation Coprim, le regard se perd volontairement dans une multitude de scènes juxtaposées. L’œuvre appelle à une lecture fragmentée, presque archéologique. Le spectateur, en s’approchant, découvre des histoires imbriquées qui se répondent et se contredisent.
Une œuvre-monde entre critique et poésie
Les grands formats de Combas dépassent la seule performance visuelle. Ils offrent une réflexion sur le monde et sur l’artiste lui-même. Le peintre mêle figures mythologiques, éléments autobiographiques et critiques de la société. L’humour y côtoie l’engagement, dans un langage plastique direct mais érudit.
Chaque toile devient ainsi une sorte de cartographie mentale, où l’artiste inscrit ses obsessions, ses colères et ses émerveillements. Dans ce foisonnement maîtrisé, la peinture devient langage, mémoire et vision.
L’immersion dans les grands formats de Robert Combas ne se limite pas à une expérience visuelle. Elle engage physiquement le spectateur, qui doit se déplacer, scruter, parfois reculer pour mieux saisir l’ensemble. Cette confrontation directe à la peinture invite à ralentir, à observer avec attention et à accepter de ne pas tout comprendre d’un seul regard.
En cela, ces œuvres monumentales redonnent à la peinture son pouvoir de fascination. Elles rappellent que l’art, lorsqu’il se fait monde, peut encore surprendre, bousculer et émerveiller.
